En 1951 l’association négocie avec un propriétaire local l'achat d’un terrain au fond de la vallée de l’Orle, au lieu dit La Pucelle. Le projet est de construire un ensemble de bâtiments pour y organiser les colonies de vacances. Dans un premier temps, les jeunes accueillis sur le site vivent sur des lits picots sous des tentes marabout récupérés des surplus de l’armée. L’association confie à un architecte (M. MILLOT), un projet assez pharaonique : Deux bâtiments de 100 m2 d'emprise au sol sur deux ou trois niveaux, reliés entre eux par une longue galerie à usage de réfectoire. Le bâtiment Nord, celui encore habitable aujourd’hui, sur 3 niveaux et combles. Mais aussi un bâtiment Sud dont il reste les mur et la dalle du premier niveau (qu'on appèle communément le blockhaus). Un projet qui prévoyait 600 m2 de plancher…
Les jeunes amenés là l’été, entre deux marches en montagne en longues files assez impressionnantes, encadrés par des jeunes eux-mêmes étudiants, travaillent à ériger sur le site les premières constructions en dur en tirant moellons, sable et gravier de l’Orle. Un hangar "provisoire" baptisé réfectoire sort du sol. La construction existe toujours et a été rebaptisé MASH dans les années soixante dix. La réalisation du projet reposait sur l’obtention de subventions publiques. Pour obtenir ces subventions, l’association s’était engagé à réaliser les fondations. Au terme d'un premier été, l’affaire n’est pas suffisamment avancée, quatre jeunes se voient proposer de remplir l’objectif : ils devront monter la dalle rez-de-chaussée des deux bâtiments. Jean HUTINET, Claude MASSON, Auguste BURET et Jacques LECLERC réalisent l’exploit. Ce sont le père, l'oncle le parrain et celui de la soeur du rédacteur de cette prose. cet objectif rempli, une entreprise locale (ROCQUES de Sentein), se voit confier la réalisation du gros oeuvre, de la couverture et des menuiseries.
Le bâtiment Nord est voué à la cuisine et au logement du personnel : Les colons restent logés sous toile. A cette époque, une troupe de comédiens dans laquelle sévissaient quelques adhérents passera par la Pucelle. On comptait dans cette troupe d’amateurs Guy BEDOS et Jean-Paul BELMONDO.
Dans les années soixante, le bâtiment est sorti de terre, mais il n’est pas raccordé à l’eau courante et n'a pas de sanitaires. Il faut donc aller plusieurs fois par jour chercher l’eau pour la consommation, la cuisine et la vaisselle avec des brocs à l’abreuvoir au pied de la maison des GASTON. Les GASTON sont trois frères qui habitent en vieux garçons la première maison en descendant la vallée, juste avant le pont sur l’Orle. Pierre est le plus âgé, Jean-Marie le plus jeune, le troisième est celui que j’entendrai toujours appeler Gaston : C’est un peu le gardien des lieux. Il est payé en généreux canons l’été, chaque fois qu’il fait une visite de courtoisie à la Pucelle (et l’homme s’avère passablement courtois !).

Ahmed, Gaston et un des oncles de l'auteur en grand palabre...
Une première génération des pionniers tient la Pucelle à la fin de ces années cinquante début des années soixante autour d’un noyau de fidèles issu du quarteron des fondateurs. La mère de l’un d’entre eux, Madeleine HUTINET, tiendra de mains fermes les fourneaux. Ses six enfants, Paulette, Jean, Claude, Jacqueline, Jeanne-Marie et Michel, passent l’été à la Pucelle. La conséquence sera quelques mariages générateurs d’enfants, dont certains parmi lesquels l’historien auteur de cette note et son cousin, passeront une partie de l’été dans les jupons de leur grand-mère, ou à traîner en totale liberté sous l’œil bienveillant de leurs oncles, tantes et autres parrains choisis dans l'effectif…
Le site dans les années soixante
L'auteur et son cousin avec leur grand mère à l'époque devant la paserrelle sur l'Orle !
Vers la fin des années soixante le bureau de l'association se désintéresse de la Pucelle : C’est l’époque de la démocratisation des sports d’hiver. Le bureau de l'association, principalement composé de membes ooficiant dans un lycée technique de Courbevoie, s’investit dans l’aménagement et l’animation d’une école désaffectée mise à disposition par la commune de Saint-Sorlin-d’Arve. Le mouvement PTU connaît un schisme entre fidèles de la Pucelle et ceux de St-Sorlin...
Le témoignage en images d'un membre de cette époque qui aura connu le lycée Vauban, St Sorlins et la Pucelle :
Souvenirs de Rolland LEMONNIER
On connaîtra cependant quelques incursions des fidèles de la Pucelle à St Sorlin. Des échanges parfois agités et cocasses, mais quelques membres actifs du groupe de St Sorlin rejoindront la Pucelle lorsque la commune reprendra les locaux de St Sorlin au terme du bail...
Dans les premières années de la décennie soixante-dix, le, mouvement n'existe plus qu'à la Pucelle, autour du seul membre fondateur toujours présent : Jean HUTINET. Avec quelques transfuges de Vauban dont Jean-Luc TENAIN, il bataille pour obtenir les autorisations administratives pour organiser des camps d’été à la Pucelle. Une des dernières relations entre le lycée Vauban et la Pucelle aura été le délestage du lycée d’une partie de ses extincteurs pour permetre l’ouverture estivale. Ces extincteurs devaient réintégrer les locaux du lycée à la rentrée, mais ils décidèrent que l’air des Pyrénées leur convenait mieux : ceratins y sont encore !…
A l'époque, les conditions d’accueil restent sommaires : Les WC et les douches sont à l’extérieur. C’est un bloc de béton encore existant en légère élévation derrière le bunker, où l'on peut encore visiter, a ses risques et périls, les anciennes cabines de WC. Elles sont constituées d’un trou à la turc et sont fermées par des cloisons et des portes basses de type saloon. Le spectacle des utilisateurs le pantalon sur les chaussures ne pouvait guère être ignoré lorsqu’on s’y rendait. Donc, on ne recourait à ces lieux d’aisance qu’en cas d’extrême nécessité. Il était tout aussi commode de se soulager dans un coin de nature discret, ce qui ne manque pas dans le coin. Comme il n’y avait pas l'eau courante, le bon usage voulait que lorsqu’on s'était résolu à fréquenter les lieux, on puise de l’eau au passage avec un broc dans un ru qui coule au pied du talus qu’il faut franchir pour accéder aux sanitaires, le contenu du broc ayant vocation à faire office de chasse d’eau. Mais, trop souvent, il finissait sur la tête du malheureux déjà présent entravé dans son pantalon, ce qui augmente d’autant l’insécurité des lieux (D’aussi loin qu'on se souvienne, le PTU de la Pucelle ont toujours eu un fort penchant pour la fine plaisanterie). dans mon souvenir, il y a aussi l'odeur di grésil régulièrement utilisé pour désinfecter (tu parles d’une madeleine : Tout le monde n’est pas Proust !).
Sur la dalle de ces WC avait été installé par quelques bricoleurs de génie (et il n’en a jamais manqué aux PTU's !), un système de douches collectives de plein air. Il s’agissait d’une cuve métallique que l’on remplissait avec des seaux montés depuis le ru ou le torrent (on l'apperçoit sur cette photo). Il falait faire un feu de bois sous la cuve pour la chauffer. Lorsqu’on avait réussi à la faire chauffer tout ce bazar, l'eau montait dans un réseau de tubes métalliques parsemés de pommes de douches fixes. A certaines époques l’ensemble a été fermé de rideaux pour préserver l’intimité de la gente féminine.

Le Bloc sanitaire et la cuve des douches
L’association s’est toujours voulue laïque et mixte. Je me suis laissé dire qu’aux heures les plus glorieuses de la Pucelle (Dans la deuxième moitié des années cinquante), les filles oétaient logées à Orle, à l’embranchement de la route pour accéder au fond de vallée, dans une maison qui existe toujours (Maison louée par Mr et Mme JOUGLA), ce que confirme le bulletin de 1953. Elles ne montaient que dans la journée et notamment pour les repas. Mais je vous parle d’un temps que les moins de soixante-dix ans ne peuvent pas connaître…
Cet état des équipements sanitaires durera jusqu’à la deuxième moitié des années soixante dix. Belle époque révolue où l’on ne se douchait que par groupes et par grand beau temps (ce qui, quand on connaît la région, donne une indication sur la fréquence !). Pour la toilette quotidienne il y avait le torrent (autre indication sur la fréquence quand on connaît la température de l’eau !). Certes, on trichait en allant aux bains douches publics de Sentein. Mais uniquement avant la fête du village pour ceux qui avaient atteint la puberté, avec l’espoir secret de faire quelques conquêtes improbables, compte-tenu de la densité locale de jeunes filles à séduire…
Il faut bien reconnaître que le contingent du sexe faible était sous représenté. Il faut donc saluer à l’occasion celles qui ont courageusement et régulièrement éclairé de leur lumineuse présence nos séjours estivaux. Mais cette référence à la présence d'adolescents boutonneux (parmi lesquels je me rangerais même si je n'ai jamais eu d'acné), nous amènent à l'époque contemporaine...

Quelques exemples d'adolescens boutonneux autour de Jeannot dans les années 70.