En 1951, l’association PUF négocie avec un propriétaire local l'achat d’un terrain au fond de la vallée de l’Orle, au lieu dit La Pucelle. Le projet des PUF est de construire un bâtiment pour y organiser des colonies de vacances estivales pour les jeunes.
Le principe porté par l’association est d’organiser dans un premier temps des camps pour oeuvrer collectivement à la construction des équipements nécessaires. Les jeunes accueillis sur le site vivent sur des lits picots et sous des tentes marabout récupérés des surplus de l’armée, ou dans des baraquements sommaires.

Marabouts et colons des années cinquante
Les jeunes recrutés là pour l’été, entre deux marches en montagne en longues files assez impressionnantes, encadrés par des jeunes eux-mêmes étudiants, travaillent à ériger sur le site les premières constructions en dur en tirant moellons, sable et gravier de l’Orle. Après que la cuisine ait été abritée dans une cabane en planches, un hangar provisoire baptisé réfectoire sort du sol (Construction qui existe toujours sous l’appellation MASH).

L’association confie à un architecte (M. MILLOT), un projet assez pharaonique : Il comprend deux bâtiments de 100 m2 au sol sur deux ou trois niveaux plus combles, reliés entre eux par une longue galerie à usage de réfectoire. Un bâtiment Nord (celui qu’on connaît aujourd’hui) sur 4 niveaux (Sous-Sol, 2 planchers, un grenier), et un bâtiment Sud (L’actuel blockhaus), projeté sur 2 niveaux de plancher et un grenier, soit environ 500 m2 de plancher + galerie réfectoire…
Image 3 : La volumétrie du batiment
Sur cette vue schématique figure en couleur ce qu’on en connaît aujourd’hui : la maison au premier plan et le blockhaus. Et en filaire : le projet…
La réalisation du projet repose sur l’obtention de subventions du ministère de la jeunesse et des sports. Pour obtenir ces financements publics, l’association s’engage à réaliser les fondations. Au terme du premier été, l’affaire n’est pas suffisamment avancée, quatre jeunes se voient proposer de rester là pour remplir l’objectif : ils devront monter la dalle rez-de-chaussée des deux bâtiments (en rouge sur la vue précédente). Jean HUTINET, Claude MASSON, Auguste BURET et Jacques LECLERC réalisent l’exploit… L’objectif rempli, une entreprise locale (ROCQUES de Sentein), se voit confier de réaliser la maçonnerie, la couverture et les menuiseries jusqu’à épuisement des subventions : le résultat est illustré par la figure précédente !
Le bâtiment Nord est voué à la cuisine, au logement du personnel d’encadrement et de service. Le camp devient une colonie de vacances, sous toile pour les colons, dans le bâtiment, sommairement aménagé pour les services. C’est à cette époque, qu’une troupe de comédiens en devenir passera par la Pucelle. On comptait dans cette troupe d’amateurs Guy BEDOS et Jean-Paul BELMONDO… Le bâtiment n’est alors pas raccordé à l’eau courante, il n’y a pas de sanitaires. Il faut donc aller plusieurs fois par jour chercher l’eau pour la consommation, la cuisine et la vaisselle, avec des brocs à l’abreuvoir au pied de la maison des GASTON.
Les GASTON sont trois frères qui habitent en vieux garçons la première maison en descendant la vallée, juste avant le pont sur l’Orle. Pierre est le plus âgé, Jean-Marie le plus jeune, le troisième est celui que j’entendrai toujours appeler Gaston : C’est un peu le gardien des lieux. Il est payé en généreux canons l’été, chaque fois qu’il fait une visite de courtoisie à la Pucelle (et l’homme s’avère passablement courtois !).

Ahmed, Gaston et un de mes oncles (Michel HUTINET) en grand palabre...
La première génération des pionniers tient la Pucelle à la fin de ces années cinquante début des années soixante, autour d’un noyau de fidèles issu du quarteron des fondateurs. La mère de l’un d’entre eux, Madeleine HUTINET tiendra de mains fermes les fourneaux. Ses six enfants, Paulette, Jean, Jeanne-Marie, Claude, Jacqueline et Michel, amènent successivement leurs relations passer l’été à la Pucelle. La conséquence sera quelques mariages générateurs d’enfants, dont certains (parmi lesquels l’historien auteur de cette note et notre actuel Secrétaire), passeront une partie de l’été dans les jupons de leur grand-mère, ou à traîner en totale liberté sous l’œil bienveillant de leurs oncles et autres parrains choisis dans l'effectif…
Le site dans les années soixante
L'actuel Secrétaire et Président avec leur grand mère à l'époque !
Vers la fin des années soixante, ceux de Vauban se désintéressent progressivement de la Pucelle. C’est l’époque de la démocratisation des sports d’hiver. Le groupe issu de Courbevoie s’investit dans l’aménagement et l’animation d’une école désaffectée mise à disposition par la commune de Saint-Sorlin-d’Arve, station de ski savoyarde. Le mouvement PTU connaît un schisme entre fidèles de la Pucelle et ceux de St-Sorlin.
Témoignage en images d'un de cette époque qui aura connu le lycée Vauban, St Sorlins et la Pucelle :
Souvenirs de Rolland LEMONNIER
On connaîtra cependant quelques incursions des fidèles de la Pucelle à St Sorlin, échanges parfois agités et cocasses, et quelques membres actifs du groupe de St Sorlin rejoindront la Pucelle lorsque la commune reprendra les locaux de St Sorlin au terme du bail :

L'école à Saint Sorlin-d'Arves
Dans les premières années de la décennie soixante-dix, le, mouvement se recentre sur la Pucelle autour du seul membre fondateur toujours présent : Jean HUTINET. Avec quelques transfuges de Vauban dont Jean-Luc TENAIN, il bataille pour obtenir les autorisations administratives pour maintenir ouverte la maison pour les camps d’été à la Pucelle. Une des dernières relations entre le lycée Vauban et la Pucelle aura été le délestage du lycée d’une partie de ses extincteurs pour obtenir l’autorisation d’ouverture estivale (extincteurs qui devaient réintégrer les locaux de l’éducation nationale à la rentrée, mais décidèrent que l’air des Pyrénées leur convenait mieux et qu'un de nos membre a remis en état récemment !)…
Les conditions d’accueil de l’époque restent sommaires. Les WC et les douches sont à l’extérieur, dans le seul bâtiment encore en parpaings apparents, intérieur comme extérieur, et sans eau courante. C’est un bloc derrière le bunker (encore existant), en légère élévation qui reçoit les cabines de WC. Elles sont constituées d’un trou à la turc. Les cabines sont fermées par des cloisons et des portes basses de type saloon. Le spectacle des utilisateurs le pantalon sur les chaussures ne peut guère être ignoré lorsqu’on s’y rend. On a recours à ces lieux d’aisance qu’en cas d’extrême nécessité. Il est tout aussi commode de se soulager dans un coin de nature discret, ce qui ne manque pas aux alentours. Comme il n’y a pas d’eau courante, le bon usage veut que lorsque l’on se résout à fréquenter les lieux, on puise de l’eau au passage avec un broc dans un ru qui vient d’une source proche (située derrière le réfectoire ou Mash), et qui coule au pied du talus qu’on franchit pour accéder au bloc sanitaire. Le contenu du broc a vocation à faire office de chasse d’eau. Mais très souvent, il finit sur la tête du malheureux déjà présent, entravé dans son pantalon, ce qui augmente d’autant l’insécurité des lieux (D’aussi loin que je me souvienne, le PTU de la Pucelle a toujours eu un fort penchant pour la fine plaisanterie). Dans ce lieu de tous les dangers, gare aux indélicats qui rate le trou ou aux feignants qui oublient leur broc. A l’occasion, je me demande où allait le trop plein de la cuve sous les WC. Mais ce dont je me souviens, c’est qu’il fallait désinfecter tout ça régulièrement avec force grésil, ce qui me renvoie à cette odeur si particulière (tu parles d’une madeleine ! Tout le monde n’est pas Proust !).
Sur la dalle du bloc WC avait été installé par quelques bricoleurs de génie (et il n’en a jamais manqué aux PTU's !), un système de douches collectives de plein air. Il s’agissait d’une cuve métallique que l’on remplissait avec des seaux montés depuis le ru ou le torrent. On faisait ensuite un feu de bois dessous pour chauffer la cuve (et accessoirement l’eau, ce qui n’était pas toujours probant !). L’eau, lorsqu’on avait réussi à la faire chauffer, montait dans un réseau de tubes métalliques parsemés de pommes de douches fixes. L’eau savonneuse retournait au ru sans autre forme de procès. A certaines époques l’ensemble a été fermé de rideaux pour préserver l’intimité de la gente féminine.

Le Bloc sanitaire et la cuve des douches
Cet état des équipements sanitaires durera jusqu’à la deuxième moitié des années soixante dix. Belle époque révolue où l’on ne se douchait que par groupes et par grand beau temps (ce qui, quand on connaît la région, donne une indication précieuse sur la fréquence !). Pour la toilette quotidienne, il y avait le torrent (autre indication sur la fréquence quand on connaît la température de l’eau !). Certes, on trichait parfois en allant aux douches publiques de Sentein, mais uniquement avant la fête du village et pour ceux qui avaient atteint la puberté, avec l’espoir secret de faire quelques conquêtes improbables, compte-tenu de la densité locale de jeunes filles à séduire…
Pourtant l’association s’est toujours voulue laïque et mixte. Je me suis laissé dire qu’aux heures les plus glorieuses de la Pucelle (Dans la deuxième moitié des années cinquante), les filles ont été logées à Orle, à l’embranchement de la route pour accéder au fond de vallée, dans une maison qui existe toujours (Maison louée par Mme JOUGLA), ce que confirme le bulletin de 1953. Elles ne montaient que dans la journée, d'après ce que j'en sais et notamment pour les repas. Mais je vous parle d’un temps que les moins de soixante-dix ans ne peuvent pas connaître… Il faut bien reconnaître que le contingent du sexe faible était sous représenté, il nous faut donc saluer, à l’occasion, celles qui ont courageusement et régulièrement éclairé de leur lumineuse présence nos séjours estivaux. Mais cette référence à la présence d'adolescents boutonneux (parmi lesquels je me rangerais même si je n'ai jamais eu d'acné), nous amènent à l'époque contemporaine...

Quelques exemples d'adolescens boutonneux (autour de Jeannot) dans les années 70.